Le monitoring des bâtiments, la clé de la transition écologique en Suisse

Le monitoring des bâtiments est un levier puissant pour mieux comprendre et maîtriser la consommation d’énergie. Il permet d’identifier les faiblesses des infrastructures et de guider les améliorations continues en matière d’efficacité. Avec cette approche, le secteur du bâtiment peut relever le défi de la transition énergétique tout en apportant des bénéfices concrets aux propriétaires, occupants et maîtres d’ouvrage.

En Suisse, reconnue pour son engagement durable, le secteur de la construction fait face à un défi de taille : réduire son empreinte environnementale. En effet, les bâtiments représentent près de 40 % de la consommation énergétique nationale et contribuent significativement aux émissions de CO2. Afin de respecter ses objectifs écologiques, le secteur mise sur des solutions innovantes comme le monitoring énergétique pour réduire l’impact environnemental des bâtiments, notamment les constructions anciennes, souvent inefficaces sur le plan énergétique. Afin de garantir la réussite d’un programme de monitoring, il est essentiel de suivre six étapes déterminantes. TASQ vous les présente.

Fixer des objectifs clairs

Chaque bâtiment présente des caractéristiques uniques, et la définition des objectifs de monitoring doit refléter cette singularité. Que ce soit pour se conformer aux exigences des normes Minergie ou pour optimiser l’efficacité énergétique d’un bâtiment existant, la clarté des objectifs est primordiale. Collaborer avec des experts en monitoring permet de définir des cibles réalistes, adaptées aux besoins spécifiques de chaque projet. Cela implique une personnalisation minutieuse, que l’on parle de bâtiments neufs ou de rénovations.

Sur le plan environnemental, le monitoring joue un rôle crucial. Il permet de suivre en détail la consommation d’énergie et les émissions de CO2, aidant ainsi à définir des stratégies pour réduire l’empreinte carbone. Par exemple, le monitoring peut détecter des pics de consommation énergétique injustifiés et permettre des ajustements pour réduire le gaspillage. Cela conduit à une gestion plus responsable des ressources et à une meilleure préservation de l’environnement.

Le monitoring ne se limite pas aux aspects techniques, il joue également un rôle essentiel dans le confort des occupants. En surveillant les paramètres tels que la température, l’humidité et la qualité de l’air, il permet de maintenir un environnement intérieur optimal, impactant directement le bien-être des occupants. Grâce à des ajustements fins des systèmes de gestion du bâtiment, les professionnels peuvent allier confort et performance énergétique.

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D’un point de vue financier, l’investissement dans le monitoring est rapidement rentable. En optimisant les systèmes énergétiques, les coûts opérationnels diminuent considérablement. Les bâtiments performants attirent également des locataires prêts à payer plus pour des espaces durables et confortables. De plus, la maintenance prédictive, facilitée par le monitoring, réduit les coûts de réparation à long terme. Le suivi en temps réel permet d’intervenir rapidement en cas d’anomalies, évitant ainsi les déperditions énergétiques inutiles et réduisant les factures.

Définir un périmètre de contrôle précis

La définition du périmètre de contrôle est une étape décisive dans l’implantation d’un système de monitoring. Il est essentiel de concentrer les efforts de surveillance sur les zones à fort potentiel d’optimisation, là où l’équilibre entre les dépenses énergétiques et les économies est le plus avantageux.

Identifier les zones prioritaires à surveiller est une démarche stratégique. Dans un immeuble de bureaux, par exemple, le système de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) est souvent un domaine clé en raison de son poids sur la consommation énergétique. À l’inverse, dans un entrepôt, l’accent sera mis sur l’éclairage et l’isolation. Cette optimisation ciblée permet de maximiser les économies.

L’objectif du monitoring est de ne pas consommer plus d’énergie pour mesurer que ce que l’on économise. Il est donc essentiel de s’assurer que le système de monitoring lui-même reste économe en énergie. Un périmètre bien défini garantit que l’investissement dans le monitoring apporte une véritable plus-value tout en respectant l’efficience énergétique.

Le périmètre de contrôle sert également de premier filtre dans la sélection des solutions de monitoring. Il oriente le maître d'ouvrage (MO) et les professionnels vers les technologies et les équipements adaptés. Si le périmètre est restreint à certains systèmes critiques, des solutions spécialisées et plus pointues pourront être choisies. Si le périmètre est large, on privilégiera des solutions plus intégratives, capables de fournir une vue d’ensemble.

Préparer l’extraction des données

Avant même la collecte des données, il faut préparer le terrain. Cela inclut l’installation de capteurs et autres équipements de mesure, ainsi que la mise en place de protocoles rigoureux pour une collecte fiable. Le choix des entreprises sous-traitantes et des mandataires qualifiés est déterminant à cette étape.

Un bon mandataire garantit la pertinence de la solution de monitoring choisie. Il valide les choix techniques et veille à obtenir un chiffrage précis des coûts, incluant les dépenses d’installation, de maintenance et d’exploitation à long terme. Un chiffrage réaliste permet de mieux anticiper la rentabilité du projet.

Les sous-traitants choisis doivent avoir l’expertise nécessaire pour installer les systèmes de monitoring conformément aux normes en vigueur. Une installation soignée est cruciale pour assurer la pérennité et la précision des données collectées.

Extraire des données grâce à des solutions 3L

L’extraction de données doit être simple, efficace et économique. En optant pour des solutions low tech et peu complexes, on peut simplifier le processus tout en réduisant les coûts. Par exemple, des capteurs de température ou des compteurs énergétiques suffisent souvent à fournir les informations nécessaires sans recourir à des technologies coûteuses. Cependant, cette simplicité ne doit jamais compromettre la sécurité des données et des installations.

Grâce aux technologies actuelles, la collecte de données peut être automatisée pour offrir des informations en temps réel sur la performance énergétique. À ce stade, le secteur du monitoring dans la construction est encore en développement, et la notion reste floue pour de nombreux acteurs. C'est pourquoi TASQ vous recommande, sauf nécessité contraire, de privilégier la simplification maximale des solutions de monitoring, selon le principe des 3L : Low tech, Low complexity, Low cost :

  • Low Tech : Un système de monitoring n'implique pas forcément des solutions high-tech onéreuses. Des outils simples comme des compteurs d'énergie ou des sondes de température peuvent suffire pour un suivi efficace.
  • Low Complexity : Ces systèmes peuvent souvent s'intégrer facilement aux dispositifs existants, ce qui réduit les coûts et facilite l’installation, rendant la gestion des bâtiments plus accessible pour les gérances et les FM
  • Low Cost : Démystifier la technologie est essentiel pour encourager son adoption. Il est important de souligner que la simplicité d’installation et d’utilisation des systèmes est un facteur prépondérant d’un coût de mise en place abordable.

Il est crucial d’avoir en tête que l’aspect low tech et low complexity ne doit pas altérer la sécurité du contrôle de l’installation et des données. Ce point est crucial, notamment pour des locataires ou des MO sensibles. Des protocoles de sécurité robustes doivent être pensés et mis en place pour protéger les informations contre les accès non autorisés ou éviter que des hackers prennent le contrôle des installations.

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Analyser les données pour ajuster les performances

Les données brutes ne suffisent pas. Elles doivent être comparées aux normes de référence et aux objectifs fixés pour évaluer les performances et identifier les domaines d'amélioration.
L'étape d'analyse dans le processus de monitoring est celle où les données collectées prennent tout leur sens. L'analyse doit être alignée avec les objectifs stratégiques du MO, qui peuvent varier d'une réduction des émissions de CO2 à un calcul précis des charges pour les locataires. La communication claire de ces objectifs au mandataire est la première étape pour une analyse pertinente.

Une fois les objectifs définis, le mandataire doit pouvoir expliquer au MO les points de contrôle qui seront utilisés. Ces points de contrôle sont les indicateurs clés qui seront surveillés et analysés pour évaluer les performances par rapport aux buts fixés. Ils peuvent inclure des mesures comme les consommations énergétiques par source, les heures de fonctionnement des équipements, ou encore les températures intérieures.

Le mandataire doit ensuite établir des comparaisons pertinentes entre les données extraites et les normes ou les valeurs de référence du secteur. Cette comparaison peut révéler des écarts significatifs qui sont autant d'opportunités d'amélioration. Si le but est de réduire les charges énergétiques, le mandataire doit analyser les données pour identifier où et comment les coûts peuvent être réduits sans compromettre la qualité de service.

Une fois l'analyse réalisée, le mandataire doit fournir un retour d'information clair et compréhensible au MO. Ce feedback, sous forme de rapport, doit inclure non seulement les résultats de l'analyse mais aussi, si besoin, des recommandations concrètes à mettre en place sur site. Enfin si les objectifs de monitoring ne sont pas atteints, des ajustements doivent être proposés et discutés.

Rédiger des rapports d’analyse clairs et stratégiques

La rédaction de rapports d'analyse est une étape cruciale dans le monitoring des bâtiments. Ces documents font le lien entre les données brutes et les décisions stratégiques du gérant ou du MO. Un bon rapport doit aller au-delà des chiffres : il doit narrer les performances du bâtiment de manière claire, lisible et compréhensible.

L'utilisation de graphiques, tableaux et infographies facilite la visualisation des tendances et résultats. Les données complexes doivent être synthétisées en recommandations simples, chaque terme technique étant défini pour assurer la compréhension de tous, quel que soit leur niveau de connaissances.

Il est également essentiel que le rapport mette en avant les informations pertinentes en fonction des objectifs fixés. Par exemple, pour réduire les coûts énergétiques, l'analyse doit cibler les postes de consommation et identifier les économies possibles. De même, si l'objectif est de diminuer l'empreinte carbone, les résultats en termes d'émissions évitées doivent être clairement exposés.

Les rapports doivent permettre au gérant ou au MO de comprendre les performances actuelles et de prendre des décisions éclairées, avec des conclusions corrélées à des actions concrètes. Enfin, la fréquence des rapports, qu'ils soient mensuels, trimestriels ou annuels, doit permettre un suivi régulier de l'évolution des performances et de l'efficacité des actions entreprises.

Le monitoring des bâtiments émerge comme un outil incontournable dans la transition écologique en Suisse. En permettant de mieux cerner la consommation d'énergie, il offre aux MO une opportunité unique d'identifier les points faibles de leurs infrastructures et d'orienter les améliorations nécessaires. Un monitoring efficace est celui qui extrait les données de manière optimale, transformant ces informations brutes en insights pertinents, puis en stratégies concrètes et enfin en actions mesurables.

En définissant des objectifs clairs et en établissant un périmètre de contrôle précis, le monitoring devient un levier stratégique pour optimiser les performances énergétiques. De plus, l'analyse des données collectées, couplée à une communication efficace, permet de générer des rapports qui reflètent la valeur ajoutée du système de monitoring. Ces documents deviennent alors essentiels pour une gestion optimisée du patrimoine bâti, offrant aux MO une vision tangible des résultats obtenus.

En adoptant ces pratiques, les acteurs du secteur du bâtiment ne se contentent pas de respecter les normes environnementales, mais participent activement à un avenir plus durable pour la Suisse. Le monitoring s'impose donc non seulement comme un outil de gestion, mais aussi comme un vecteur de changement positif dans la lutte contre le changement climatique.